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[Sylvebarbe]

J'aime bien aussi, pas revu depuis longtemps ceci-dit. Cela dit aussi ça doit être certainement mieux que le dernier truc français sur l'école qui marche un peu partout.

[Basile]

Attention et attention.

D'abord il s'agit d'un film, c'est à dire d'une oeuvre fictionnelle où le temps est remonté en segments afin d'illustrer un propos. J'ai eu de très bons professeurs, et les très bons professeurs on prend mesure de leur qualité une fois qu'on ne les a plus. Parce qu'ils nous enseignent chaque semaine, c'est un processus qui prend du temps, alors que le film se contente de montrer un montage de scènes à forte teneur pathologique (au sens premier du terme). Une conscience, ça ne s'éveille pas en 2h, ça peut-être bousculée oui, interrogée par un film ou une réflexion entendue. Mais ça doit s'accompagner d'un cadre bien structuré pour que ça ait un réel impact à long terme. Parce que combien d'élèves ont été impressionné sur le moment par une petite phrase lâchée en cours de philo ? Pas mal sans doute, mais combien ont pris cette phrase comme un point de départ vers un raisonnement plus élaboré au lieu de laisser gentiment leur cerveau s'éteindre après cette intense mais fugace sollicitation ? Beaucoup moins, ça c'est sûr.
Le bon professeur il laisse sa marque, souvent sans qu'on s'en rende compte. Il faut évacuer cette imagerie très romancée du prof inspiré qui transmet de la conscience et de la curiosité à tour de bras. Qu'il ait réussi à conditionner chez l'élève un réflexe intellectuel salutaire, c'est déja énorme.

Un enseignant, c'est avant tout un professionnel qui a un métier à faire. Ce métier c'est la transmission de savoirs à l'élève, et c'est à ce dernier d'utiliser ses savoirs pour construire sa réflexion. J'en ai vu des profs illuminés avec l'idée en tête de devenir missionnaire de l'Éveil Intellectuel. En général ils finissent par gangréner leur cours avec leur pensée personnelle, imaginant que c'est cette vérité que les gamins devraient recevoir et voilà qu'on a le droit à de fréquentes piqûres de rappel d'un salmigondis de réflexions "choc", sensées bousculer l'élève mais au final ayant l'effet pervers d'influencer certains gamins fragilisés par un authentique désir de réflechir. Les autres s'en foutent, ils écoutent l'idée, écarquillent les yeux pendant un moment et puis une semaine après, tout est oublié.

Être enseignant, ça dure plus longtemps qu'un film de 2h, donc monter sur les tables c'est bien joli à l'écran mais faut se demander l'intérêt dans la vraie vie. J'ai eu des professeurs exceptionnels, certains étaient de vrais poètes mais ils avaient acquis cette sagesse et ces qualités d'enseignement grâce à leur expérience. On ne sort pas de l'IUFM avec la solution clé en main pour sauver le monde. Il faut commencer par s'appliquer à faire son métier et c'est déja beaucoup.

[Arkaron]

J'ai pas dit que les méthodes d'enseignement montrées dans le film pouvaient être mises en application directe sur une année scolaire. Le film montre forcément des moments clés de la vie de classe entre un professeur et ses élèves.

Je suis d'accord qu'il ne suffit pas d'une étincelle de réflexion pour faire de quelqu'un un penseur, mais ça commence par ça. Premièrement, je n'ai pas souvent été interpellé par ce qui était dit en classe jusqu'à cette année (c'est dire...ou alors j'étais pas réceptif, possible aussi), et deuxièmement, même quand j'étais interpellé, j'étais un peu laissé à mon sort concernant la suite de la réflexion. Dans le film, Keating donne cette étincelle et commence la réflexion avec ses élèves, pour qu'ils continuent à réfléchir entre eux, et c'est ce qu'ils font.

Ce métier c'est la transmission de savoirs à l'élève, et c'est à ce dernier d'utiliser ses savoirs pour construire sa réflexion

Pas que ça selon moi. Le professeur doit être un guide à la réflexion. Il ne doit pas la dicter, mais l'éveiller et la nourrir grâce au savoir, et à l'échange avec l'élève. Je comprend qu'un cours magistral, c'est quelque chose de nécessaire à un certain niveau d'études, mais j'ai horreur de ça. Où est l'échange là dedans? Le transmission du savoir est réduite à une récitation impersonnelle de faits ou d'explications académiques (parfois on ne peut plus rébarbatives).

Quand je passe en revue tous mes professeurs du primaire à la première année de fac, je me dis qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont fait la différence et qui m'ont incité à me démarquer, à penser, à réfléchir, à fouiller un peu partout. C'est certain qu'on ne trouve pas une solution miracle à l'enseignement du jour au lendemain, mais ce film, c'est quand même une vision intéressante du rapport élève/professeur et du métier de l'enseignement. Les scènes que l'on voit sont "chocs" parce qu'on ne peut pas faire voir une vie d'enseignement au spectateur.

[Kalel]

Ce métier c'est la transmission de savoirs à l'élève, et c'est à ce dernier d'utiliser ses savoirs pour construire sa réflexion

Pas que ça selon moi. Le professeur doit être un guide à la réflexion. Il ne doit pas la dicter, mais l'éveiller et la nourrir grâce au savoir, et à l'échange avec l'élève. Je comprend qu'un cours magistral, c'est quelque chose de nécessaire à un certain niveau d'études, mais j'ai horreur de ça. Où est l'échange là dedans? Le transmission du savoir est réduite à une récitation impersonnelle de faits ou d'explications académiques (parfois on ne peut plus rébarbatives).

A cela j'ajouterais d'un point de vue perso, que tous les enseignants, peuvent plus ou moins être des professeurs ( selon leurs parcours, expériences, ou savoir et par rapport au domaine dans lequel ils enseignent ) mais tous ne sont pas de bon pédagogue!

Et bien plus que le savoir, c'est surtout cela qui fait la différence entre un bon et un moins bon enseignant! Ceux qui ont la capacité d'etre de bon pédagogue donnerons l'envie aux élèves de vouloir apprendre d'avantage et d'aiguiser leurs capacités et leurs savoir, alors qu'au contraire un excellent enseignant qui ne se base que sur son savoir ne saura pas forcément faire comprendre ce qu'il enseigne, ni le transmettre.

Et puis les enseignants, c'est comme toutes les professions, pilote, médecin, scientifique, et j'en passe, on a beau être un enseignant, on est pas forcément un bon enseignant ... et peu importe la profession, on peut être au top et être quelqu'un de compétent, on peut pas l'être 7 jours sur 7 et 24heures sur 24, il y a toujours des temps de relâchement ( on peut mettre ça sur le compte de tous un tas de facteurs comme la fatigue, une sale journée, des préoccupations, et j'en passe ... ceux ne sont aucunement des excuses, mais personne n'est au top toute sa vie ).

[cloneweb]

Des gens qui se délectent de films d'horreur dans le genre de Saw parce que c'est à la mode de regarder des productions gores et sadiques sans réel questionnement derrière, des jeunes qui écoutent ceci ou celà parce que ça fait genre, ou qui arborent fièrement un t-shirt Nike parce que leur chanteur préféré faisait de même dans son dernier clip de m**de où tout le monde tord du c*l, je trouve ça assez grave.

J'ose espérer que ce n'est pas comme ça que je suis catalogué.
Je n'a rien contre ce genre de film, bien au contraire. C'est juste que là, la mayonnaisse n'a pas pris. J'ai trouvé ça pompeux et chiant. Je devrais peut etre le revoir mais mes quelques tentatives se sont soldées par un échec.
Dans le genre, je préfère franchement A La Rencontre de Forrester.

Question bonus : tu veux devenir prof Arkaron ?

[Hellboy]

C'est certain que ça ne peut pas toucher tout le monde de la même manière, on a tous nos ressentis, nos goûts et nos centres d'intérêts. Perso, j'ai beaucoup aimé parce que j'ai toujours été plus ou moins déçu par la très grande majorité de mes professeurs, et du système scolaire en général (je ne le dénigres pas, sans ça, je serais tout à fait inculte). Voir comment un professeur, passionné à la fois par ce qu'il enseigne et par le fait d'enseigner, parvient à faire naître une nouvelle façon de voir les choses chez de jeunes hommes conditionnés par la société, je trouve ça passionnant. Vous vous souvenez la lumière que l'on voit dans les yeux de John Keating lorsqu'il fait extérioriser ses pensées au timide Todd Anderson? Je ne l'ai jamais vu chez mes professeurs. Ni une telle passion, ni une telle foi en l'humain et en l'enseignement.

Remettons aussi leschoses dans leur contexte : l'histoire se passe dans les années 50, une période où on voit l'émergence des "teenagers", auparavant, les individus passaient du statut de l'enfant à celui d'adulte. Keating, ici, met en valeur cette période de la vie pleine de troubles et de questionnements parce que le contexte le permet. Plus tard, cet "éveil" sera diffusé dans la société par les médias ou la culture populaire (souvenez-vous des années 60).

Si l'école m'avait vraiment appris à réfléchir par moi-même et à me poser des questions sur tout, à prendre un autre point de vue que celui qui m'est imposé, alors je serais peut-être plus cultivé en littérature, en cinéma, ou en art en général aujourd'hui. Je n'aurais jamais apprécié un instant certaines daubes cinématographiques qu'on nous pond tous les ans au nom du divin Dollar (ou autre, peu importe).

Est-ce le rôle de l'école ? et les parents alors ? et puis tu reproches à l'école d'avoir eu des goûts de daube mais 1)je pense qu'on a tous une phase comme ça, 2)tu as quand même assez de recul pour t'en rendre compte, non ? alors où est le problème ?

Le sujet de ce film peut nous intéresser plus ou moins, certes, mais il véhicule une idée et un message très importants quand on regarde notre société. Des gens qui se délectent de films d'horreur dans le genre de Saw parce que c'est à la mode de regarder des productions gores et sadiques sans réel questionnement derrière, des jeunes qui écoutent ceci ou celà parce que ça fait genre, ou qui arborent fièrement un t-shirt Nike parce que leur chanteur préféré faisait de même dans son dernier clip de m**de où tout le monde tord du c*l, je trouve ça assez grave.

Alors ça c'est drôle parce que moi, j'avais 17 ans quand le film est sorti, je l'ai vu au ciné avec mes potes, on a pleuré, on a trouvé ça génial et on écrivait Carpe diem partout sur nos tables de cours. C'est pas une mode ça ?

Des films sur des profs peu orthodoxes, y'en a à la pelle et ce depuis les années 50 : Blackboard jungle, Esprits rebelles, P.R.O.F.S, Le maître d'école et j'en passe. C'est quasiment un genre cinématographique. Après ce qui fait que certains marchent et marquent plus que d'autres tient à la patte du réalisateur et au moment de sa sortie mais grosso modo, le schéma reste le même.

Je dis pas que je fais exception à tout ça, je l'ai eu fait, et ça m'arrive encore aujourd'hui, mais j'aurais été bien content d'avoir monsieur Keating comme professeur au lycée, juste pour réaliser que le monde et la vie, c'est pas juste du pognon, du sexe, des baskets, des voitures, des blockbusters à deux balles, des frites pas cuites chez McDonald et des préjugés.

Parce que c'est ça que tes profs t'ont enseigné ?

Alors non, je préfère ne pas dormir devant Dead Poets Society, même si c'est la 1000e fois que je le vois, juste pour me poser la question: comment enseignerai-je dans quelques années ?

Clone a fait un peu de provoc mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de pathos dans ce film et qu'il avance avec de gros sabots (mais c'est très bien, ça marche parfaitement et les ados comprennent tout).
Ensuite, en ce qui concerne ton enseignement, je ne veux pas être pessimiste mon gars, mais vu de l'intérieur, je pense que tu auras très peu de marge de manoeuvre vu les programmes et les ministres qui se succèdent actuellement.

[cloneweb]

Pas tant de provoc que ça, j'ai vraiment dormi devant le film. Comble du truc... c'était lors d'une projection au collège.

[loval]

Pas tant de provoc que ça, j'ai vraiment dormi devant le film. Comble du truc... c'était lors d'une projection au collège.

Oui, mais tu dors aussi devant du Malick.
La potence s'impose.

(ceci dit, je ne garde pas un souvenir impérissable de Dead Poets Society)

[cloneweb]

As tu au moins vu Retour vers le Futur et les Goonies avant de parler potence ?

[loval]

As tu au moins vu Retour vers le Futur et les Goonies avant de parler potence ?

Of course.

[Lyricis]

As tu au moins vu Retour vers le Futur et les Goonies avant de parler potence ?

Les Goonies a voir et/ou revoir ce soir sur NRJ12 !

[Arkaron]

Est-ce le rôle de l'école ? et les parents alors ? et puis tu reproches à l'école d'avoir eu des goûts de daube mais 1)je pense qu'on a tous une phase comme ça, 2)tu as quand même assez de recul pour t'en rendre compte, non ? alors où est le problème ?

Les parents ont aussi un rôle à jouer, et c'est d'ailleurs en partie grâce à eux qu'il m'est arrivé de me poser quelques questions métaphysiques. Je pense que ces deux institutions devraient être complémentaires à certaines niveaux. L'union fait la force, parait-il. Ensuite oui, je m'en rends compte aujourd'hui, ce qui n'était pas vraiment le cas hier. Hier, je lisais des revues sans réelle profondeur, écoutait de la musique sans me poser la question de l'art, n'avait que faire des tableaux, et regardais les 4 Fantastiques au cinéma (et j'aimais bien, en plus). La différence entre hier et aujourd'hui est vraiment mince dans mon cas. Je commence à vouloir aller plus en profondeur depuis quelques mois seulement. J'estime que l'école aurait dû m'y aider plus tôt.

Alors ça c'est drôle parce que moi, j'avais 17 ans quand le film est sorti, je l'ai vu au ciné avec mes potes, on a pleuré, on a trouvé ça génial et on écrivait Carpe diem partout sur nos tables de cours. C'est pas une mode ça ?

Si, tout à fait, mais si vous réfléchissiez dessus après coup, ça n'est pas la même chose.

Parce que c'est ça que tes profs t'ont enseigné ?

Non non, je ne dis pas ça. Je dis que le manque de mise en questionnement du monde par l'élève peut mener à ne voir que ça. Y a pas longtemps, j'aimais tout ce qui avait attrait aux comics de super héros. Plus maintenant.

Ensuite, en ce qui concerne ton enseignement, je ne veux pas être pessimiste mon gars, mais vu de l'intérieur, je pense que tu auras très peu de marge de manoeuvre vu les programmes et les ministres qui se succèdent actuellement.

Don't remind me...

PS Clone: non, non, je ne parlais pas de toi. Et oui, j'espère enseigner plus tard dans le secondaire.

[Basile]

En tant que récemment illuminé, tu réalises la chance que tu as eu de voir ta conscience s'éveiller et tes goûts culturels s'affiner. Et en tant qu'ado romantique, tu souhaiterais que tout le monde puisse bénéficier de cette chance. D'où cet idéal de "sauver le monde" qui fait la plupart du temps le point de départ de la vocation des futurs profs.
Mais il faut réaliser une chose : tout le monde n'est pas réceptif à ce changement, peu importe à quel point on essaie de le susciter. C'est un désir noble, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Si tu veux être un bon prof, il faut savoir accepter ta place et ne pas outrepasser tes prérogatives. Hellboy a raison, il n'y a pas que l'école qui a un rôle à jouer dans l'émancipation intellectuelle. Elle a une place prépondérante parce qu'il y a encore l'illusion d'égalité qu'elle est sensée assurer : tout le monde n'a pas un contexte familial propice alors que l'école est obligatoire pour tous. Mais ça ne veut pas dire qu'elle est la seule responsable ou la plus efficace. Et encore une fois, tout le monde ne veut pas/ne peut pas s'émanciper de la sorte.

[Hellboy]

De plus, je ne sais pas si c'est une question d'émancipation ou d'assumation (?) : on peut avoir des goûts de chiotte et vivre très bien avec, dans ce cas-là, 2 possibilités : 1) on ne s'en rend pas compte et le réveil un jour peut surprendre (ce qui arrive un peu à tout le monde vers 16/17 ans mais pour certains ça dure toute la vie (les beaux parents, en général)) ; 2) on en a conscience et on assume : exemples : sylvebarbe et Ron Howard, Clone et Star Wars, moi et Alex Ross (les deux derniers sont vraiment tirés pas les cheveux, je le reconnais bien gentiment).

Je ne veux pas prècher pour ma paroisse mais pour en revenir aux profs, cette prise de conscience est peut être plus facile en filière littéraire où on a 8 heures de français ou de philo par semaine, ça permet de débattre et de faire tomber certaines oeillères.

[Sylvebarbe]

De plus, je ne sais pas si c'est une question d'émancipation ou d'assumation (?) : on peut avoir des goûts de chiotte et vivre très bien avec, dans ce cas-là, 2 possibilités : 1) on ne s'en rend pas compte et le réveil un jour peut surprendre (ce qui arrive un peu à tout le monde vers 16/17 ans mais pour certains ça dure toute la vie (les beaux parents, en général)) ; 2) on en a conscience et on assume : exemples : sylvebarbe et Ron Howard, Clone et Star Wars, moi et Alex Ross (les deux derniers sont vraiment tirés pas les cheveux, je le reconnais bien gentiment).

Je ne veux pas prècher pour ma paroisse mais pour en revenir aux profs, cette prise de conscience est peut être plus facile en filière littéraire où on a 8 heures de français ou de philo par semaine, ça permet de débattre et de faire tomber certaines oeillères.

Ouais, moi j'assume et j'assume aussi être fan d'Emmerich et Michael Bay (sauf pour les Bad Boys).


Et DVC on aime ou pas, mais Appolo 13, Cocoon etc. ça a une certaine réputation (méritée).