Un collègue:
Adapter l'inadaptable ; telle était la mission de Zack Snyder (300) et de son équipe de scénaristes en s'attaquant à Watchmen, le roman graphique du duo Gibbons-Moore. Car Watchmen est non seulement une bande dessinée culte mais est surtout un chef-d'oeuvre de narration et de mise en scène graphique de 6 volumes que Snyder parvient à adapter en un film de moins de 3 heures.
Le résultat est surprenant. Watchmen tient le spectateur en haleine de bout en bout grâce à une mise en scène exaltée déjà éprouvée sur 300 mais en évitant la surdose d'effets visuels. Cette maîtrise de Snyder permet aux cases de la bande dessinée et à ses nombreux protagonistes de prendre vie. Grâce à un scénario solide, épuré intelligemment d'éléments narratifs "mineurs" du roman et à un casting très réussi, chaque personnage, même secondaire, est un élément moteur du récit et reçoit le traitement qu'il mérite.
Le plus surprenant c'est que les failles du film se trouvent là où on ne les attendait pas. Les effets spéciaux, par exemple, sont inégaux. Autant le personnage du Dr. Manhattan est réaliste, autant le maquillage du président Nixon ou les vols d'Archie frisent parfois avec des effets de série Z. Et que dire de Bubastis, le TGN (tigre génétiquement modifié) de Ozymandias qui apparaît sur la fin et risque de dérouter le spectateur qui n'a pas été initié au roman. Snyder s'est appliqué à supprimer de nombreuses choses pour son adaptation mais a quand même gardé cet animal qui n'apporte absolument rien au récit. On a le sentiment que seul un "director's cut" introduira mieux cet animal et surtout permettra de fluidifier certaines transitions visuelles et sonores un peu abruptes dans la narration.
Quant à la musique on retiendra surtout une bande originale très classique et un magnifique morceau de Bob Dylan en guise d'introduction.
Au final, Watchmen est une excellente adaptation qui donnera certainement envie au spectateur de se (re-) plonger dans l'univers du roman. Snyder a réussi le pari d'adapter ce roman culte, un projet que même Gilliam, Aronofsky et Greengrass n'ont jamais pu porter à bout.
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http://www.clap.ch/details.php?srno=1592)